Illustration issue du jeu en réalité augmenté Coronavirus Blaster AR, disponible sur itch.io
A l’instar des grands marronniers de la presse vidéoludique, nous vous livrons ici un retour en arrière sur cette année, ainsi qu’en deuxième partie les jeux qui ont marqué les membres de NaturalPad. Précisons en préambule que les dates des sorties ne sont pas un critère de choix. A l’heure du marché dématérialisé, les soldes d’une plateforme (à vapeur par exemple) ou la présence sur un abonnement sont des facteurs plus déterminants pour les joueurs qu’une date de sortie. Date de sortie désormais synonyme de jeu encore inachevé sur le marché des grosses productions. Nous y reviendrons plus loin. Cette triste réalité ne saurait nous faire oublier la santé réjouissante du marché à l’heure actuelle. Bien que la production ait été touchée comme tant d’autres par le COVID, la demande n’aura fait que s’accroître durant cette triste page de notre histoire. Le succès sans précédent d’Animal Crossing sur Switch, par exemple, est étroitement lié à la pandémie de 2020. Et encore pour cette année 2021, évoquer les jeux auxquels nous avons joué, c’est évoquer le télétravail massif, les sorties sous restrictions, le pass sanitaire et d’autres joyeusetés qui nous ont rappelé que le COVID ne s’est pas arrêté à la première période de confinement.
Devant une offre et une demande croissante, un nouveau modèle émerge pour consommer le jeu vidéo : l’abonnement à un catalogue. A l’instar d’un Neflix qui a redéfini la façon de consommer du contenu audiovisuel, les éditeurs financièrement les plus puissants (Microsoft, Google, Sony…) ont lancé leurs offres avec plus ou moins de succès. Mais la révolution est en marche. Si le pas est encore difficile à franchir pour une partie du public, l’attractivité financière de ces modèles attire un nombre croissant de joueurs et surtout en génère de nouveaux. En effet, pour un montant équivalent à l’abonnement d’une plateforme de streaming vidéo, un joueur peut avoir plusieurs dizaines de jeux à sa disposition immédiatement. Si du point de vue du consommateur, cette réduction des prix ne peut être que bénéfique, il faudra cependant surveiller l’impact que ce modèle aura sur la production vidéo-ludique. Cette année 2021 aura également été marquée par de nombreuses affaires révélées par la presse (spécialisée ou grand public) sur les conditions de travail au sein des studios de jeux vidéo. Ce nouveau modèle risque de dégrader des conditions de travail déjà passablement touchées devant l’ampleur des enjeux financiers.
Deux autres tendances sont à noter cette année : la toujours formidable santé du marché indépendant. A l’instar du marché du disque, l’appellation reste difficile à définir, on se contentera ici d’exclure les jeux dits “AAA”. A l’ombre des grands studios, l’offre de jeux indépendants ne cesse de s’accroître. Des nombreux titres de notre sélection sont issus de ce marché. Présent sur à peu près tous les genres, doté d’une force de proposition que les grands studios peinent à suivre, ce pan du marché ne fait pas que survivre, il barbote comme un poisson dans l’eau. Sa grande visibilité sur toutes les plateformes de vente contribue également à attirer de nombreux consommateurs. Une des raisons moins glorieuses de son succès est liée à son antagoniste : le jeu vidéo issu des grands studios, qui lui, a dû faire face à de nombreuses difficultés.
La première est d’ordre interne, puisqu’il s’agit de la révolte des salariés. La question des conditions de travail des salariés du jeu vidéo est enfin prise en compte depuis quelques années. Cependant, en 2021, on peut constater que des rumeurs issues de la presse généraliste et jeu vidéo sur les conditions de travail toxiques ont entaché la totalité des grands studios. Rockstar, Activision-Blizzard, Ubisoft, Electronic Arts, font à la fois l’objet de nombreux articles à charge et de nombreux remaniements internes pour écoper les éventuels scandales. Ces remaniements sont sans doute en partie à l’origine de l’autre tendance qui se confirme : l’état de finition des jeux à gros budget. Le mépris affiché par les gros studios vis-à-vis de leur communauté ne cesse de croître d’année en année. Les exemples de jeux littéralement injouables à leur sortie sont légions. L’émergence des systèmes d’abonnement contribue sans aucun doute à la finition altérée des titres, tout comme le principe de précommande… En annonçant des titres “day one” (disponible dès le jour de sortie) sur ces plateformes, les éditeurs mettent une pression sur les studios de développement. Ces derniers se retrouvent dans l’obligation de rendre leur copie quelque soit les difficultés rencontrées au cours du développement de leur titre. Cette pression ne fait que s’accentuer une fois le jeu sorti dans un état désastreux. Le phénomène de crunch, période de travail intense précédant habituellement la sortie d’un jeu, synonymes de nuits blanches, semble s’être désormais déplacé post sortie. On peut difficilement imaginer avec de tels enjeux, que les conditions de travail des développeurs s’améliorent dans un futur proche. A l’heure des réseaux sociaux, où un regard désapprobateur peut vous détruire, les studios concentrent leurs efforts de communication pour faire amende honorable. Seul l’avenir nous dira si ces intentions ne se sont pas arrêtées à l’émotion soulevée ces derniers mois. Une affaire remplaçant une autre, d’autres problèmes majeurs de l’industrie vidéo-ludique disparaissent des colonnes de presse : la toxicité des jeux joueurs contre joueurs (notamment envers les femmes et les homosexuels), l’impact écologique des fermes de serveurs ou l’accessibilité, cher au cœur de NaturalPad ne doivent pas disparaître du débat public.
Place maintenant à la sélection des jeux de cette année qui ont marqué l’équipe de NaturalPad. J’en profite également au nom de toute l’équipe pour vous souhaiter une belle année 2022.